1 Le Feu Secret by Carina Rozenfeld & C.J. Daugherty

Auteur:Carina Rozenfeld & C.J. Daugherty [Rozenfeld, Carina & Daugherty, C.J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Le Feu Secret
Éditeur: Robert Laffont/bouquins/segher
Publié: 2015-11-11T23:00:00+00:00

23.

Taylor et Sacha franchirent côte à côte les portes battantes du lycée.

Rien à faire, je déteste cette odeur. Ça pue ici, songea Sacha.

Le bâtiment en brique sentait perpétuellement le désinfectant industriel, les repas de la cantine et l’aliénation adolescente.

— Ton école est très différente de la mienne, commenta Taylor, qui examinait les lieux avec un intérêt marqué. Elle est tellement… européenne.

Sacha n’était pas très sûr de comprendre l’image.

Il n’en revenait pas : elle était si concentrée et calme.

Dès que les magasins avaient ouvert, ils s’étaient acheté de nouveaux vêtements – Sacha avait insisté pour payer.

— J’ai plein d’argent, avait-il répondu quand Taylor avait protesté. Et c’est ma faute si tes fringues sont fichues.

Ne voulant pas aller dans n’importe quel magasin, il la conduisit dans une boutique de luxe non loin du Louvre. Quand ils passèrent la porte, crasseux et fourbus, il craignit pendant une seconde que le personnel n’appelle la police. Mais il avait une explication sous le coude.

— Veuillez excuser notre accoutrement, annonça-t-il à la vendeuse quand elle s’avança vers eux sur des talons d’une hauteur vertigineuse, les sourcils bondissant au plafond. Nous avons tourné toute la nuit au coin de la rue – vous avez probablement vu l’équipe du film – et les costumiers nous ont abandonnés dans cette tenue ridicule. Nous ne pouvons pas rentrer chez nous dans cet état.

Il désigna son T-shirt maculé de sang.

— Ce faux sang est répugnant.

Comme elle ne semblait pas tout à fait convaincue, il dégaina une épaisse liasse de billets.

— L’argent n’est pas un problème.

La femme en resta bouche bée. Puis recouvrant ses esprits, elle tourna les talons et les conduisit vers un portant d’habits sombres.

— Vous trouverez certainement ce que vous cherchez ici, monsieur.

À présent, Taylor portait une jupe courte et noire, un haut sombre sans manche. Son choix avait un peu surpris Sacha car ces nouveaux vêtements lui donnaient un look beaucoup plus audacieux que ceux qu’elle portait à son arrivée à Paris.

Sacha s’était offert un jean et un T-shirt noir identiques à ceux qui étaient abîmés. Ils coûtaient simplement beaucoup plus cher.

Ils s’étaient changés dans les cabines d’essayage de la boutique puis ils avaient jeté leurs vêtements tachés de sang dans une poubelle au coin de la rue.

Taylor avait même remplacé ses sandales par des bottines noires et robustes.

Quand il lui en avait fait la remarque, elle s’était justifiée :

— J’ai besoin de chaussures dans lesquelles je peux courir.

Sacha comprit le message qu’elle voulait lui faire passer : la vie était dangereuse. Pour survivre, il fallait s’endurcir.

En ce milieu de matinée, les cours avaient déjà commencé. Derrière la longue rangée de portes fermées de chaque côté du grand couloir principal, il entendait le bourdonnement des professeurs en pleine leçon et, à l’occasion, l’intervention explosive des élèves.

Quand ils atteignirent la salle de Deidé, ils patientèrent devant la porte en attendant que la cloche sonne. Sacha devait lutter pour ne pas dévorer Taylor des yeux.

Elle avait attaché ses cheveux en une queue-de-cheval lâche et des boucles s’en échappaient déjà pour onduler autour de ses joues.

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